Présentation

Il n'est pas vraiment possible de se cacher derrière un pseudo ou un avatar,un slogan ou un mot d'ordre.Toujours dire qui on est,se présenter.La première chose que je vérifie est le nom de l'auteur.Sa langue,sa région sont aussi importants.Ce qu'il pense de tel ou tel sujet.Je sais,on ne peut pas dire la vérité sur soi et les proches.Il y a des mots qui blessent inutilement,d'autres qui peuvent être mal interprétés.Il y a les causes à défendre,la liberté d'expression ne donne pas toujours le droit moral ou déontologique de tout dire.

 

Je suis la somme de l'histoire d'une époque.Quand j'étais jeune,dire la vérité,ce qu'on pense,ce qu'il fallait penser(!) était un devoir!L'autocritique,cette mascarade qui faisait tellement mal,pour rien,de la pure cruauté.Il fallait être honnête avec les camarades,le privé n'existait pas.Même les poètes devaient tout dire.La parole était d'évangile,on ne faisait que parler mais avec quel sérieux,quelle innocence!Personne ne parlait de ses propres sensations.Personne n'avait le temps de réfléchir à sa propre sensibilité.Nous sommes passés du groupe traditionnel(famille,tribu,nation) au groupe engagé.L'individu ne compte que s'il fait partie d'une entité qui lui dicte ce qu'il doit penser,dire,et faire.

40 ans après,(sans transition pour moi)je remarque que la parole individuelle n'est toujours pas libérée.Curieux.Personne ne parle en son nom propre.Le "je" est difficile à dire."Nous",est toujours très présent;même chez les non croyants,non pratiquants.J'ai même trouvé un blogueur pluriel.Sur le moment j'ai cru à un blog collectif!Ou alors c'est comme le message sur le répondeur des femmes célibataires qui ont peur des cambrioleurs(à juste titre d'ailleurs).

Mes enfants ont appris à sentir par eux-mêmes.Élevés dans une culture ils n'ont pas eu trop de mal à garder leur individualité.Le groupe est venu plus tard dans leur vie.Mes enfants disent leur vérité du moment  et je sens souvent qu'ils ne sont dans aucun schéma préétabli.Bien sur ma fille est influencée par les magazines les copines et les latins.Bien sur mon fils est influencé par les faiseurs de bêtises et les supporters des marques.Mais ils affirment tous les deux leur propre personnalité.Le" nous" (ou le "on"),utilisé couramment ici est très contagieux.Je me retrouve à l' utiliser et je sens que je ne suis pas la même personne.Je raconte des fadaises sur un ton pompeux et redondant,je donne des conseils,je me mêle de ce qui ne me regarde pas et,je ne sais plus où j'habite!

Pour certains mes enfants sont de nulle part,ils ne regardent pas la télé et n'ont pas de religion!Ils ne sont pas militants non plus!Ils n'appartiennentt à aucune corporation!

Avec le recul du à la distance qui sépare mes deux pays,mes deux villes,je me suis toujours sentie étrangère,regardant les choses de loin.C'est une sensation que j'ai utilisé avant même d'entreprendre mes études de sociologie.Depuis,je regarde,je me regarde à distance.

Grâce au dojo j'ai pu développer un peu cette tendance.Un peu seulement,car,se remettre en cause,rendre conscient tous ses comportements n'est pas simple.Cela demande une continuité de pratique,une patience et une persévérance...Libre vraiment,de l'intérieur.Silence.Une certaine qualité de silence qui permet le dialogue,le vrai.

Dans la vie de tous les jours ce silence est utilisé par les conducteurs;la conduite demande une concentration sur le véhicule,la circulation et les autres conducteurs.Ce que je vois,sens ici est une volonté de ne surtout pas se concentrer sur les autres conducteurs.Le mot d'ordre est d'ignorer coûte que coûte,s'empêcher de comprendre les intentions des autres conducteurs.Et là,ils perdent la possibilité de sentir sans blabla.

Au moment où j'écris,je viens d'apprendre que le prix nobel de la littérature a été décerné à Tomas Tranströmer.

Je retients les mots silence ,perception, réel simplicité,musique.

 

 

"Tomas Tranströmer et la poésie du silence

Le Point.fr - Publié le 07/10/2011 à 21:23

L'aphasie dont souffre le poète suédois, Prix Nobel de littérature 2011, redouble le silence qui environne son œuvre poétique.

 

Tomas Tranströmer, à qui le jury Nobel a décerné le Nobel de littérature, est considéré comme l'un des plus grands poètes contemporains. © Jessica Gow / AP/Sipa

ParEmmanuel Berretta

"Dans le Nord, où le jour/habite dans une mine, de jour comme de nuit. Où l'unique survivant peut s'asseoir/près du poêle de l'aurore boréale et écouter/la musique de ceux qui sont morts gelés." Ces vers, écrits il y a plusieurs dizaines d'années par le Suédois Tomas Tranströmer et qui achèvent Histoire de marins, ont pris il y a onze ans un nouvel écho. En 1990, une attaque d'apoplexie frappe le poète suédois, et le laisse partiellement paralysé et aphasique. Depuis, il ne communique guère avec ses proches que par le piano, et des dizaines de compositeurs ont composé à son intention des pièces pour la main gauche, celle qu'il peut encore mouvoir.

Pour ceux qui ont défendu en France cette œuvre mal connue, et que l'académie Nobel vient de récompenser, c'est justement cette musique, et le silence qu'elle est venue combler, qui permet le mieux de la faire comprendre. "Plus que d'autres poètes, c'est de l'école de la musique répétitive, ou de la Valse triste de Jean Sibelius, qu'il convient je crois de rapprocher l'œuvre de Tranströmer, estime André Velter, directeur de la collection Poésies chez Gallimard, qui en 2004 a publié les premières Œuvres complètes. Il y existe un rythme relativement entraînant, mais qui entraîne davantage vers le vagabondage que vers la course folle."

Lumières

Ce vagabondage emmène dans de grands paysages nordiques à la lumière arasée, semblables à ceux où Tomas Tranströmer vit une partie de l'année. Jacques Outin, qui a traduit en français sa poésie dès les années 80, et qui est devenu un proche du poète et de sa femme, décrit une petite maison bleue, héritée du grand-père, perdue dans une forêt sur une île de l'archipel de Stockholm. Où l'on n'accède que par bateau et que des troupeaux d'élans rejoignent à la nage. Où les amis du couple se réunissent, en été ou en automne. Et où le piano sonne quand la voix fait défaut. "Dans le drame qui a frappé Tomas, explique André Velter, on peut voir une sorte d'assomption musicale de ses poésies. C'est une poésie du grand Nord, une poésie qui reste six mois durant dans la nuit, six mois durant dans le jour. Le silence y est toujours présent."

Jacques Outin lui aussi décrit Tomas Tranströmer comme "poète du silence". Paradoxal ? Son écriture est "concrète, précise, et presque laconique, explique-t-il. Sans doute cela tient-il aussi à la langue suédoise elle-même, qui laisse au mot une aura qu'il n'a pas dans les langues latines". Cette écriture ramassée, économe, explique d'ailleurs peut-être qu'à plusieurs reprises, et en particulier dans son dernier recueil, le poète ait fait le choix du haïku. "Le toit s'est lézardé/et la mort peut me voir/ce visage", écrit-il dans La grande énigme. De la mélancolie sans doute, mais sans tristesse. Capable d'humour, et de cocasserie.(....)"

 

Un autre article sur Toms Transtrômer 

article du Monde

 

 

J'ai envie de développer plus ces relations concentration silence communication.
En fait,je constate que,à chaque fois que quelqu'un s'occupe sérieusement de quelque chose,il en arrive à comprendre l'importance de la musique du silence.Il a été décrit dans toutes les traditions spirituelles et tous les créateurs savent son importance.

En musique,c'est facile,le silence est un outil sans le quel il n'y a pas de musique.

Les japonais connaissent le" ma" qui est un silence/espace/vide.

Cela s'est peut-être perdu : Murakami le romancier japonais en parle comme d'une découverte grâce à la course.Se dépasser physiquement pour arriver à cette sorte de spiritualité;ne plus avoir de conscience consciente.

La méditation est un silence,la prière,en est un

La solitude choisie est un silence.

C'est justement ce silence épanoui qui nous aide à y voir clair en nous et autour de nous.Ce n'est pas une qualité de poète,d'artiste ou de moine.C'est vraiment une qualité animale,humaine.Et là le verbiage n'est plus de mise.Mon être social n'a plus aucune importance;et cela se voit,se sent.Les personnes qui ont gardé ou developé cette concentration sont remarquées.


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